La mélancolie est probablement l'état psychoaffectif qui caractérise le mieux la situation de l'étranger. L'étranger, par définition, est celui qui doit faire le deuil d'un temps, d'un lieu et d'un environnement humain qui lui sont chers. Et c'est bien lui qui incarne peut-étre le mieux les figures les plus intenses de l'altérité: le déraciné, l'exilé, le réfugié, le diasporique, le nomade, l'itinérant. Faire le deuil de son passé et de sa patrie pour l'étranger peut s'avérer une entreprise insmmontable. Dans l'espace littéraire, ces différentes figures de l'altérité sont souvent congruentes a la mélancolie. État de vulnérabilité et d'hyperlucidité tout a la fois, la mélancolie crée (pour ce qui est de la parole littéraire surtout) une sorte de perspective marginale susceptible bien des fois d'une appréhension des phénomenes redoutable.